À l’heure où les urgences —écologiques, économiques, sanitaires, sociales— se sont multipliées, où l’information circule à vitesse grand V et où de nouvelles attentes se sont créées, il est impératif de s’engager et de se questionner en tant qu’entreprise sur sa responsabilité sociale, environnementale et sociétale. Plus qu’une simple formulation ou qu’un simple exercice de communication, la formalisation des missions RSE d’une organisation devrait être une priorité stratégique.
Inscrits ou non dans des statuts, les questionnements sur sa raison d’exister et sur sa responsabilité se trouvent être des chemins pavés de valeurs ajoutées. Mais comment s’en emparer ? Par où commencer ? Dans quels buts ?
Entreprise, qui es-tu ?
Commençons par ici… L’entreprise est une organisation mouvante, un lieu de rencontres, d’échanges et de production inscrite dans un environnement à la fois précieux et vulnérable, dont la définition n’a cessé d’évoluer ces 50 dernières années.
Si l’entreprise était définie avant-hier comme étant une simple unité de production de biens et de services capable de créer et de redistribuer de la richesse, elle ne l’est plus aujourd’hui ; et pour cause, la finitude des ressources est connue, le mythe du progrès s’est effrité depuis plusieurs années, la croissance purement économique est un modèle du passé.
À l’ère de l’information où nous vivons, les nouvelles vont vite, les consciences s’élèvent. Les citoyens-consommateurs-collaborateurs s’interrogent et un nouveau contrat social a récemment émergé. Les entreprises ne peuvent plus être imaginées hors du contexte dans lequel elles existent, hors de leurs environnements, hors de leurs parties prenantes et se doivent de développer de nouvelles politiques de modélisation, de gestion des ressources humaines et de compensations.
D’un point de vue juridique, la loi PACTE votée en 2019 (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises) traduit ce nouveau paradigme qui s’est installé entre l’entreprise, l’État et les citoyens : « Les entreprises ne se limitent pas à la recherche du profit. L’entreprise doit être le lieu de création et de partage de sa valeur. Le PACTE permet de redéfinir la raison d’être des entreprises et de renforcer la prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux liés à leur activité. »
Bien que n’étant pas une mesure coercitive, cette loi marque un tournant attendu par la société civile : l’entreprise est désormais reconnue légalement comme un acteur politique central dans le fonctionnement de nos sociétés[1] et dispose d’une responsabilité sociétale et environnementale qui peut être associée à son statut.
Deux ans plus tard, dans un contexte marqué par des crises multiples, le besoin de redéfinir l’objet des entreprises et les intérêts qu’elles servent est toujours plus pressant. Mais comment faire avancer, sinon construire, son engagement, sa mission ?
Explorer ses responsabilités, construire sa mission, réussir sa transformation
L’exercice consiste à s’interroger, se renouveler, s’adapter, faire preuve d’humilité et in fine prendre conscience de son impact et donc de sa responsabilité. Car explorer sa raison d’exister et construire sa mission, c’est avant tout asseoir sa volonté d’aligner objectifs économiques, sociétaux, environnementaux avec rigueur, accepter de débloquer un budget dédié et certifier sa « capacité de créer de la solidarité »[2] pour l’ensemble des parties prenantes de la société.
Aussi la formulation d’une raison d’être et d’une mission est-elle une construction engageante[3]. Ce n’est ni un outil de communication ni un drapeau à brandir, mais bien un processus d’évolution et de transformation. Comme le rappelle Emmanuelle Duez dans son article L’économie de la vie & la vie dans l’économie publié sur Usbek & Rica « l’époque est moins à l’engagement fanfaron […] qu’à l’alignement sobre et sincère »[4]. Endosser ses responsabilités et faire ce pas vers un modèle garant de durabilité est un programme à 360° qui touche aussi bien la stratégie que la gouvernance, la culture interne que l’image de marque.
Avec un pied dans l’avenir, le Groupe Rocher est un exemple d’explorateur de raison d’exister depuis près de 60 ans. Non étonnamment, dès décembre 2019, il s’est prêté à l’exercice en devenant le premier groupe international à adopter le statut de société à mission à travers sa vision engagée : « devenir la meilleure entreprise pour le monde » et « Reconnect people to nature ». En a découlé la verbalisation de quatre axes qui guident les actions du Groupe et les relations qu’il entretient avec ses collaborateurs, partenaires et clients[5].
À l’issue de cet exercice, la Nature Academy a vu le jour. Portée notamment par Yann-Etienne Le Gall, directeur des ressources humaines du Groupe, cette académie de la nature affirme la volonté du Groupe d’embarquer l’ensemble des équipes vers la construction et le suivi de sa mission vertueuse en formant dans un premier temps ses 18 000 salariés à la Nature avant d’élargir le périmètre de formation au reste de son écosystème (franchisés, fournisseurs, conseillers de vente, etc.). Le Groupe prépare également avec Harris Interactive le lancement de son « baromètre Rocher de la reconnexion à la nature » qui sera déployé dans 19 pays et dont les résultats et les tendances seront analysés sur plusieurs années[6].
À travers ses investissements d’impact, à travers ses mesures d’engagement vérifiées et avérées, la société à mission se laisse la chance de déclencher un cycle vertueux. Le Groupe Rocher l’a compris, consommateurs-employés-citoyens, management, directions des ressources humaines, directions stratégiques, ressources naturelles : l’organisation fonctionne comme un écosystème, qu’il s’agit de faire évoluer et de préserver. Et selon nous, l’avenir réside de ce côté…
S’engager pour rester
L’entreprise engagée brandit un signal fort, concret et fédérateur. Elle se responsabilise, responsabilise et assure au passage sa pérennité ; puisqu’en replongeant dans ses modèles, en défrichant ses convictions, en s’emparant pleinement des questions de gouvernance, d’égalité, d’inclusion, de transparence, des volets sociaux et environnementaux, l’organisation ouvre ses portes au sens, à la cohérence, à la cohésion. Pour rappel, nos collaborateurs sont aussi citoyens et consommateurs : reconnaître sa responsabilité et agir en fonction est un gage d’attractivité des talents, un levier de leadership et de différenciation ainsi qu’une promesse de durabilité.
Pour mener à bien cela, pour réussir sa transformation, s’engager et engager, le management doit naturellement recevoir et donner les moyens d’orchestrer cette dynamique de cohésion, d’apprentissage et de coopération au rythme de la formulation des nouvelles ambitions. Comme le souligne Tanguy Chatel dans le podcast Travail (en cours) de Louie Media[JR1] , l’enjeu est maintenant de « rattraper notre retard et de former les managers et le leadership à cela » [7]. Plus encore, il s’agit de faire le choix de se tourner vers une économie au service de la vie[8] et d’investir dans l’avenir.
En somme, le travail autour de sa responsabilité sociale, environnementale et sociétale est l’occasion immanquable de retenir et d’attirer les talents/clients, de concrétiser un modèle durable, d’affilier unité et efficacité, et de prendre/garder son ticket d’entrée dans la société.
Sources
[1] Bertrand Valiorgue https://www.franceculture.fr/economie/bertrand-valiorgue-2020-aurait-du-etre-lannee-de-la-raison-detre-des-entreprises
[2] Alain Schnapper, Podcast Parole de leaders « Raison d’être, entreprise à mission: de quoi parle-t-on ? », lien web : https://parolesdeleaders.com/raison-detre-entreprise-mission-alain-schnapper
[3] http://www.hbrfrance.fr/chroniques-experts/2017/12/18173-on-ne-trouve-raison-detre-on-construit
[4] https://usbeketrica.com/fr/article/l-economie-de-la-vie-la-vie-dans-l-economie
[5] Dossier de presse, Groupe Rocher 2019, lien web : www.groupe-rocher.com/sites/default/files/2019-12/EM_Dossier%20de%20presse%20FR.pdf
[6] Table ronde « Entreprises à mission » avec Yann-Etienne Le Gall, Makesense, 13/03/2020, lien web : https://www.youtube.com/watch?v=YWQWlIU5caA&feature=emb_title
[7]Engagées, responsables, bienveillantes : qu’attendons-nous de nos entreprises ? Travail (en cours), Louie Media, 26/11/2020 https://louiemedia.com/travail-en-cours/25-attentes-sociales
[8] Emmanuelle Duez, L’économie de la vie (20/11/2020), lien web : https://usbeketrica.com/fr/article/l-economie-de-la-vie-la-vie-dans-l-economie